Le vignoble Bordelais
Le nom de la ville de Bordeaux évoque immédiatement le vin dans le monde entier, et ce, depuis plusieurs siècles. Symbole de châteaux mythiques et de vins d’exceptions. Son prestige a incité bon nombre de vignobles du monde à suivre son exemple, notamment quant aux cépages universellement réputés qui y poussent, comme le merlot et le cabernet-sauvignon.
Histoire
Loués au IVe siècle par le poète Ausone (oui, comme le fameux château !), les vins de Bordeaux prennent leur essor au XIIe siècle, avec le mariage entre Aliénor d’Aquitaine et le roi d’Angleterre, Henri II Plantagenêt. Le commerce prend un nouveau tournant au XVIIIe siècle avec la mise en place d’un véritable marché international de négoce du vin, et l’apparition des grands châteaux.
Le classement de 1855 qui hiérarchise les châteaux du Médoc marque une étape cruciale du développement jusqu’à la fin du siècle, où le vignoble est ravagé par le mildiou et le phylloxéra, puis les deux guerres mondiales. A partir des années 50, de nouveaux classements apparaissent pour les vins de Saint-Emilion et des Graves. Le vignoble couvre environ 120 000 ha, et produit près de 5 millions de litres de vins, rouges à 85%.
Climat
La région bénéficie d’un climat océanique tempéré. L’immense forêt des Landes protège des vents violents de l’océan et régule la température. L’hiver est donc doux et humide, le printemps précoce, arrosé de froide pluie, l’été est sec et chaud, mais la Gironde et la Garonne assurent des brumes matinales favorables à la pourriture noble (Botrytis Cinerea), qui donne les grands vins blancs liquoreux.
Géographie
La Rive Gauche de la Garonne, avec la ville de Bordeaux. C’est la région du Médoc (au nord de Bordeaux), des Graves et du Sauternais (au sud). Les sols sont essentiellement constitués de graves, donc des cailloux, avec de l’argile, du sable, quelques zones argilo-calcaires. Le Médoc est lui-même divisé en deux appellations régionales, Médoc et Haut-Médoc. Cette dernière abrite des appellations communales réputées : du nord au sud : Saint- Estèphe, Pauillac, Saint-Julien, Listrac, Moulis, Margaux. C’est ce qu’on appelle la Rive Gauche.
La Rive Droite de la Dordogne, autour de Libourne. Au nord-est, c’est le Blayais (Côtes de Blaye). Au centre le Libournais, avec Saint- Emilion, Pomerol, et Fronsac, à l’est le Castillon. Les sols sont argilo-calcaires (Saint-Emilion) ou de graves (Pomerol)
Entre la Garonne et la Dordogne : l’Entre-deux-mers. Sols d’argile et de graves
Cépages
Merlot: C’est le cépage dominant de la rive droite et historique du Bordelais depuis le XVIIIe siècle. Il donne des vins ronds, fruités, souples et élégants.
Cabernet-Sauvignon: C’est le cépage roi de la rive gauche, qui donne des vins extrêmement complexes, à la structure tannique importante, de longue garde.
Cabernet-franc : Grand cépage du Libournais, concurrent du merlot, il produit, en mono-cépage ou majoritaire des vins exceptionnels, de très longue garde.
Petit verdot: Utilisé en assemblage, il apporte tanin, couleur et aromes épicés.
Malbec: Utilisé en mono-cépage dans le Sud-Ouest (Cahors), à Bordeaux, il sert en assemblage pour apporter arômes fruités et structure.
Sémillon: Cépage blanc roi du Sauternais, et autres liquoreux comme le Monbazillac. On l’utilise également dans les blancs secs des Graves, et en assemblage avec le sauvignon. Très productif.
Sauvignon blanc: Peu productif, c’est l’autre grand cépage blanc du Bordelais. Il apporte fraicheur, longueur et structure. Ses arômes typiques sont herbacés, très aromatiques. En assemblage avec le sémillon pour les liquoreux.
Les styles
Les vins ici sont depuis toujours généralement des vins d’assemblage, de plusieurs cépages ou parcelles, pour mettre au mieux en valeur le terroir et obtenir le meilleur équilibre. La proportion dépend des années, du savoir-faire du maitre de chai, de l’encépagement des parcelles disponibles…
Les vins de Bordeaux se caractérisent par une extrême diversité, parfois à l’intérieur d’une même appellation.
On peut y trouver du rouge, du blanc sec ou liquoreux, du rosé, plus rarement des effervescents.
Les rouges :
Ils peuvent être légers, à boire jeune, fruités en Bordeaux et corsés avec une trame tannique fine, à boire dans les 5 ans en Bordeaux supérieur.
Ils sont corsés mais souples, avec une bonne capacité de garde à Saint-Emilion et Pomerol.
Dans les appellations communales comme Pauillac et Saint-Julien, ils sont plutôt complexes et tanniques dans leur jeunesse et avec une très grande capacité de garde
Les rosés:
Deux appellations font des rosés : Bordeaux rosé et Bordeaux Clairet. Frais, à boire rapidement.
Les blancs secs:
Gouleyants et agréables venant de Bordeaux ou des Côtes de Blaye, souples, puissants et apte au vieillissement dans les Graves ou Pessac-Léognan.
Les blancs doux, moelleux ou liquoreux :
Ils sont élaborés dans le Sauternes, Cérons, Barsac… Vins de garde…
Les classements
Depuis le XIXe siècle, et notamment le fameux classement des crus du Médoc de 1855, le classement des crus est une manière de distinguer les châteaux, et un outil marketing extrêmement puissant !
Pour une liste détaillée des classements, voir ici.
Le classement de 1855 (crus du Médoc):
Il comprend 61 Crus, répartis du 1er au 5e Cru. Il n’est pas modifié (exception faite de la promotion en 1973 du château Mouton-Rothschild).
Exemples : Les Premiers Crus et quelques autres produisant ou ayant produit du vin cacher
1er crus : – Château Haut-Brion, à Pessac, Château Lafitte-Rothschild, Château Latour, et Château Mouton-Rothschild à Pauillac et Château Margaux à Margaux.
2e crus : – Château Gruaud-Larose et Château Léoville-Poyferré à Saint-Julien; Château Rauzan-Gassies, Margaux
3e crus : – Château Giscours, Margaux
4e crus : – Château Lafon-Rochet, Saint Estèphe; Château La Tour Carnet, Haut-Médoc
5e crus : – Château Grand Puy-Ducasse; Château Pontet-Canet, Pauillac
Sauternes et Barsac:
Datant aussi de 1855, il magnifie le fameux Château d’Yquem Premier Cru Supérieur, puis classe 11 Premiers Crus (Guiraud, Rayne-Vigneau, La tour Blanche, Clos haut-Peyraguey) et 14 seconds.
Etabli en 1956, il distingue 16 domaines pour 13 rouges et 9 blancs (Château Malartic-Lagravière, Château Pape-Clément, Château Smith-Haut-Lafitte)
Exclus du classement de 1855, les producteurs de Saint-Emilion ont élaborés leur classement en 1954, révisable tous les 10 ans. Outre les fameux Premiers Grands Crus Classés A (Angélus, Ausone, Cheval blanc et Pavie), on trouve les Premiers Grands Crus Classés B (La Gaffelière, Valandraud, récemment promu) et les Grands Crus Classés (château Tertre Daugay, Château Yon-Figeac)
Un classement restauré en 2002 de structures familiales s’occupant à la fois de la viticulture (travail de la vigne), de la vinification (élaboration du vin) et de la commercialisation. 44 Crus Artisans sont reconnus, aucun de cacher aujourd’hui. Plus qu’un classement, c’est un label.
Label décerné chaque année depuis 2008, souvent contesté, désormais décerné par un organisme indépendant, en suivant un cahier des charges.
Les seconds vins:
Les châteaux, pour obtenir l’assemblage « idéal », ne sélectionne qu’une partie de leur récolte. Le reste sert à élaborer un second vin, qui peut cependant être excellent, puisque venant des mêmes parcelles… De bonnes affaires souvent !
Les principales AOC
Bordeaux, Bordeaux Supérieur:
Deux appellations génériques qui couvrent tout le département de la Gironde. La différence est que le bordeaux supérieur doit passer au moins 12 mois d’élevage. Difficile de trouver une unité, les sols pouvant être de palus (alluvions), graves, argilo-calcaires ou boulbènes. Les cépages sont aussi très différents : merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, malbec et petit verdot pour les rouges, sémillon, sauvignon, muscadelle (bordeaux), ugni blanc, ondenc et chenin (supérieur), pour les blancs.
On peut découper le Bordelais en trois grandes régions, qui vous sont présentées ici plus en détail:
La Rive Droite, au nord de la Dordogne
La Rive Gauche, au sud de la Garonne
Et l’Entre-Deux-Mers, entre les deux
Retrouvez notre sélection de vins du bordelais ici
Références: